lundi 15 avril 2013

J'ai une mauvaise nouvelle...

S'il y a bien un truc qui doit pas être sympa dans le métier de médecin, c'est l'annonce des mauvaises nouvelles... Surtout des mauvaises nouvelles qui doivent être suivies d'une prise de décision de la part du patient.
Normalement, le médecin doit être objectif.
Normalement.
En fait, je pense que c'est juste impossible.
Comment faire abstraction de ses croyances, de ses convictions, de son vécu personnel et de praticien, des personnes que l'on a en face de soi, de leur histoire à elles aussi ?

La 1ère mauvaise nouvelle qu'on nous a annoncée, c'était lors de la 1ère échographie pour Nouchette.
L'échographiste était l'un des plus réputés de la ville. Sa réputation tenait plus à sa technique qu'à sa diplomatie.
Donc il commence l'examen.
Sans un mot. C'est plus marrant quand tu dis rien.
Rapidement on a compris qu'il y avait un truc qui clochait.
Au bout d'un moment il pose sa sonde et nous sort : "le bébé présente une clarté nucale".
Comme je ne savais pas ce que c'était, il m'a expliqué. Il a parlé d'amniocentèse.
Nous ne nous sommes même pas posés la question de savoir s'il fallait la faire ou pas.
Pourtant, je suis sûre que son discours ne nous a pas orientés plus que ça.
Pourtant nous avons été élevés tous les deux dans des familles catholiques (même si nous ne savons plus trop si nous le sommes encore. Mais ça c'est une autre histoire !)
C'est juste que pour un 1er enfant, on avait moyennement envie d'un enfant trisomique...
(Bon... On a été pas mal punis pour ça... )
Je pense que même si ce médecin nous avait vantés les mérites d'un enfant handicapé, nous n'aurions pas changé de décision.
Je ne vous raconte pas la suite, elle est ici.

La seconde fois, c'est lorsque Nouchette a passé son IRM et qu'on a appris son handicap. Juste après, j'avais rendez-vous avec le gynécologue pour la visite du 8eme mois. Il n'y est pas allé par 4 chemins. Il a tout annoncé d'un coup. Le handicap, le problème avec le bébé, le fait que ce soit génétique et que les bébés à venir risquent d'avoir le même handicap.
En même temps... Comment voulez-vous annoncer ça ? J'ai plaint ce gyneco.
Après. Parce que d'abord je me suis plaint un peu moi...
Mais quand même... Comment voulez-vous annoncer à une femme qui vient vous voir pour un suivi de grossesse que l'affaire se corse un peu ?
Encore une fois ici, je ne suis pas sûre que la manière dont on nous l'a annoncé ait changé quoi que ce soit à la décision qui allait suivre.

Bref... On peut toujours porter un jugement sur la manière d'annoncer et d'expliquer les choses.
Toujours.
Mais je me suis toujours dit (souvent après coup d'ailleurs), que ce devait être bien pénible d'annoncer des mauvaises nouvelles en essayant d'être le plus objectif possible, sans connaître les convictions de la personne en face...
Parce que quelle que soit la manière d'annoncer, ce sera toujours au patient de prendre ses décisions et d'essayer de les assumer derrière...

Ou pas...

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